Quand les réseaux tombent, que reste-t-il ?
Un soir d’hiver, une tempête abat les lignes électriques de tout un département. Plus d’internet. Plus de téléphone. Les talkies-walkies que vous avez acquis ne servent plus à rien, vous ne vous rappelez plus comment s’en servir. Dans la confusion, chaque famille s’organise comme elle peut, sans nouvelle de ses proches. Le réseau, ce fil invisible qui relie nos vies modernes, vient de disparaître.
Ce scénario n’a rien de théorique. On l’a vu lors des tempêtes de 1999 en France, après l’ouragan Katrina aux États-Unis, ou plus récemment après le séisme en Turquie : les communications tombent souvent avant même que les secours n’arrivent. Et quand l’infrastructure faillit, la résilience repose sur notre capacité à créer nos propres réseaux, même modestes.
C’est là qu’entre en jeu Meshtastic.
Nos sociétés modernes reposent sur des réseaux interconnectés d’une efficacité redoutable — GSM, Internet, fibre, satellites. Mais dès qu’une crise majeure survient, cette formidable toile se révèle fragile :
- Panne réseau locale : une coupure électrique suffit à rendre une antenne GSM muette. Vous ne pouvez plus prévenir vos proches ni coordonner une action de voisinage.
- Catastrophe naturelle : tempête, inondation, séisme… les infrastructures sont endommagées, parfois pendant plusieurs jours. La population se retrouve isolée.
- Conflits ou troubles sociaux : l’accès au réseau peut être volontairement restreint par les autorités, ou saturé par un usage massif.
- Isolement géographique : randonnée en montagne, trek en forêt, navigation côtière… zones blanches où même la 4G n’a jamais mis les pieds.
- Usage tactique ou associatif : clubs de randonnée, équipes de secours, joueurs d’airsoft, groupes de sécurité civile, qui veulent des communications fiables sans dépendre d’un tiers.
👉 Dans mes articles précédents sur le kit numérique d’urgence, la résilience numérique localisée ou encore les réseaux de communication et cyber-résilience, j’ai déjà souligné l’importance vitale d’avoir un plan B pour communiquer lorsque tout s’écroule.
Pourquoi je n’y croyais pas… et pourquoi je reviens dessus aujourd’hui
Il y a deux ans, lorsque le projet Meshtastic a commencé à se répandre dans les cercles survivalistes et makers, je n’étais pas convaincu. Trop jeune, trop expérimental, trop de promesses pas encore tenues. À mes yeux, c’était un beau projet de geeks, mais pas un outil robuste pour la résilience.
Depuis, beaucoup de choses ont changé : Les firmwares se sont stabilisés. Le support matériel s’est nettement élargi (références). Les scénarios d’usage ont mûri et, surtout, le retour d’expérience terrain a prouvé la pertinence de la solution. Aujourd’hui, avec un regard plus réaliste et une approche orientée terrain, je considère que Meshtastic mérite sa place dans une “couche de résilience numérique”, au même titre qu’une radio PMR446.
Nous allons donc avec 4 articles faire la découverte de Meshtastic et apprendre comment il peut répondre au mieux à nos besoins.
Meshtastic, kezako ?
Meshtastic, c’est avant tout un réseau maillé basé sur la technologie LoRa (Long Range).
Imaginez une myriade de petits nœuds électroniques, chacun capable d’émettre et de recevoir des messages à faible débit, sur plusieurs kilomètres. Chaque nœud peut relayer les messages des autres : on appelle ça un multi-saut.
En clair, votre message peut voyager de proche en proche à travers un territoire, même si vos deux appareils ne sont pas en visibilité directe.
Mais soyons lucides : ce réseau maillé ne se construit pas tout seul. Il dépend de la densité du maillage territorial. Dans un village, un collectif, une équipe de secours ou un groupe d’amis randonneurs, il peut être redoutablement efficace. À l’échelle d’un pays entier, sans passerelle internet (MQTT), cela reste utopique.
Ce réalisme n’enlève rien à son intérêt : dans le cadre d’une cellule locale ou clanique, Meshtastic permet de rester connectés, même quand tout le reste tombe.
Public, privé… ou les deux ?
Un des atouts du projet est la possibilité de souscrire à différents types de canaux (sur un profil Longfast):
- Public : pour rejoindre un réseau ouvert, croiser d’autres utilisateurs et densifier le maillage (clé de chiffrement « publique »).
- Privé : pour échanger uniquement avec son groupe, sa famille ou son organisation (clé de chiffrement « privée »).
- Ou même les deux en parallèle, pour combiner l’ouverture d’un canal partagé avec la confidentialité de communications sécurisées.
C’est une souplesse rare dans l’univers des radios analogiques.
Quand Meshtastic prend tout son sens : scénarios de résilience
1. L’organisation familiale ou clanique
Imaginez une famille répartie dans un petit hameau. Chacun dispose d’un node alimenté en continu. Même sans réseau mobile, chacun peut envoyer un message court : “besoin d’aide”, “tout va bien”, “je pars chercher du bois”.
C’est la brique élémentaire de la résilience : le lien humain maintenu quand tout s’effondre.
2. Trek en zone isolée
Lors d’une randonnée en montagne ou d’une expédition lointaine, un ou plusieurs groupes équipés de nodes peuvent rester en contact malgré l’absence totale de GSM. Associé au GPS, le réseau permet de partager sa position, rassurer et coordonner le groupe. Nous pouvons aussi envisager comme le Petit Poucet de déployer un, deux voir plus de modules autoalimentés sur le parcours pour conserver le lien avec la civilisation.
C’est une alternative économique aux coûteuses balises satellites. (Voir mon article sur les balises de détresse : lien)
3. Approche tactique (Airsoft, sécurité, exploration)
Dans une partie d’Airsoft ou une opération de terrain, un réseau Meshtastic offre un canal discret, chiffré, difficilement détectable. Les équipes peuvent coordonner leurs déplacements sans dépendre d’un opérateur tiers. Imaginez le potentiel qu’un node couplé ponctuellement sous un drone apporterait à des opérations S.A.R.
4. Déploiement rapide en situation de crise
Imaginez une équipe de secours arrivant dans une zone sinistrée, coupée de tout réseau. En quelques minutes, elle déploie trois ou quatre modules autour de son camp. Elle obtient un réseau local de coordination qui ne repose sur rien d’autre que son propre matériel. Dans une catastrophe, ce gain de temps peut sauver des vies.
Une couche de résilience numérique non négligeable
Meshtastic ne remplacera jamais un smartphone, ni une liaison satellite. Ce n’est pas l’objectif. Mais en tant que couche supplémentaire de résilience, il mérite une place dans un kit de communication d’urgence.
C’est un filet de sécurité simple, pas cher, robuste et libre, qui relie les humains quand l’infrastructure moderne n’est plus là.
Journée de crise avec le réseau Meshtastic
Meshtastic – un réseau autonome et résilient [1/4]
Découverte du projet, ses fondements et ce qu’il apporte en termes de résilience.
Meshtastic – monter son premier réseau [2/4]
Un guide pratique pour assembler ton premier nœud et démarrer ton réseau.
Meshtastic – usages avancés [3/4]
Exploration des fonctions poussées : Mieux comprendre les possibilités offertes par cette technologie.
Meshtastic vs Gaulix [4/4]
Le match amical entre le projet international et son alternative française : forces, limites, perspectives.

Je m’appelle Sébastien. Sans jugement ou catégorisation, je ne m’identifie pas plus particulièrement aux « Survivalistes », « Preppers », « Décroissant », (…) qui ont cependant le mérite de mettre en lumière des sujets et connaissances malgré tout. Je me reconnais plutôt comme un « Résilient ». En tant que père de famille, je développe une approche modéré, structurée et éducative avec une forte envie d’apprendre et transmettre. En savoir plus.
Hello, @kris le plus fidel follower. Comment tu trouves la ligne éditoriale de ce retour dans le game ?
Bonjour,
Vous écrivez » Dans une partie d’Airsoft ou une opération de terrain, un réseau Meshtastic offre un canal discret, chiffré, difficilement détectable ».
Merci de corriger cette tirade aussi fausse que dangereuse car elle pourrait donner un sentiment de sécurité.
Pour ce qui est de l’air soft, guéguerre sympathique où après on va tous boire un coup, ok mais pour une opération de terrain :
Il y a une trentaine d’années je travaillais dans le domaine de la guerre électronique. À cette époque, retrouver automatiquement une émission puis se caller dessus et commencer à l’enregistrer se calculait en millisecondes. Pour ce qui était de localiser l’émetteur c’était quelques pouièmes de plus alors maintenant…
Hello Albert Radio Amateur, on se détend pas la peine de s’enflammer.
Pour l’Airsoft c’est un gadget utilisé, c’est une réalité : https://meshtastic.org/docs/software/integrations/integrations-atak-plugin/
Pour le chiffrement on est sur du 256AES max ce qui limite tout de même un peu à quelques personnes compétentes et surtout équipées.
Pour le tracking oui on peut potentiellement détecter l’émission d’une trame Lora lors de l’écoute la fréquence (duty cycle 10%).
Pour autant un réseau maillé c’est distribué, donc potentiellement ce n’est pas l’émetteur du message que l’on trace mais la passerelle, le routeur ou le répéteur.
Puis en cas de rupture de normalité, il y aura probablement peu de cellule, clan, équipe capable de mettre en œuvre un foxhunter Lora.
Après c’est une maladie contagieuse chez les RA de vouloir que l’on corrige nos articles ?
Je sais que l’acculturation des béotiens n’est pas la première qualité des RA Français, et je suis désolé d’avoir à faire ce que vous devriez faire en démocratisant vos connaissances.