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Constituer une trousse de secours

Voici un article qui va tenter d’apporter des réponses aux lecteurs s’inscrivant dans une démarche de constitution d’une trousse de secours. Le sujet a été traité, re-traité maintes fois, mais il faut lui apporter une dimension formelle avec une approche structurée. Il n’est pas facile de réaliser une opération d’adaptation de trousse de secours en fonction de besoins réels. C’est une démarche demandant un minimum de prise de recul, pour éviter l’écueil d’un achat de kit de secours tout fait.

En effet, on peut acheter une trousse toute faite dans le commerce en se sentant simplement responsable, sans pour autant analyser son contenu et comprendre les limites de son usage.

Il est important de se former aux premiers secours, c’est la base. En France, il existe plusieurs formations de secouristes permettant d’être réactif à certaines situations critiques. Rapprochez-vous de la sécurité civile, des associations, de la Croix-Rouge, des pompiers ou d’autres dispositifs et validez une certification.

Ensuite votre sens critique vous permettra de faire évoluer le contenu de votre trousse de secours en fonction de vos compétences.

1. Analyse des besoins

Dans un premier temps il faudra donc définir nos besoins en fonction des critères suivants (évaluations des risques) :

  1. Du contexte d’utilisation (urbain, désert, jungle, montagne; nautique…),
  2. De vos compétences en secours (limites techniques),
  3. De la proximité des secours institutionnels (Alerte, délais),
  4. De la durée d’isolement (Promenade de quelques heures, Bivouac de 2-3 jours, Raid ou Trek de plus de 5 jours, Expédition…)
  5. Du nombre d’utilisateurs et leur l’age.

Seulement après avoir défini ces critères, il sera possible d’évaluer les risques auxquels le ou les utilisateurs s’exposent, et de déterminer les solutions et dispositifs adaptés à ce mini cahier des charges.

C’est le premier problème auquel il faut trouver des réponses.

2. Définition des spécifications de la trousse de secours

2.1. Objectifs

Considérant un besoin défini comme suit (Exemple) :

  1. En France, en foret et bas relief,
  2. Compétence de secourisme PSE2 (ou plutôt CFAPSE),
  3. A 30 minutes des secours institutionnels et réseau de télécommunication disponible,
  4. Rando/bivouac de 72 heures (2 nuits),
  5. Pour une famille de 2 adultes et 2 enfants

Analyse :

  • Dans cette situation un kit individuel semble peu suffisant.
  • Les limites des dispositifs sont défini par la compétences maximum du groupe et moins (vieux secouriste).
  • Même si la sortie ne semble pas être risquée au vu de la proximité des secours et des capacités d’alertes, il est possible d’avoir un incident/accident critique lié à une chute [relief] (Luxation, Entorse, Fracture), à une blessure (plaie ou brûlure), ou encore une perforation (Traumatisme lourd, éventration, fracture ouverte), etc… (Matériels essentiels)
  • La durée d’exposition aux risques est une donnée importante (Impact sur les quantités).
  • Il faut disposer d’éléments adaptés aux enfants (Médicament, taille des dispositifs).

2.2. L’organisation, les contenants

Privilégier la modularité est une règle d’organisation pratique. Il faut tenter de rationaliser le rangement de la trousse afin de regrouper les solutions par objectifs. On peut envisager une catégorisation comme suit : Protections, divers, les instruments, la “bobologie”, les compresses, les bandages et coussin compressif ou hémostatique, les médicaments, mais vous pouvez aussi trouver une organisation d’optimisation des formes, des espaces et volumes, ou encore mixer ces deux méthodes.

Dans tous les cas Il faut donner du sens logique à cette trousse qui devra pouvoir être utilisée par une personne qui ne l’aura jamais ouverte (Test à faire auprès d’une autre personne). N’hésitez pas à remettre en question en permanence votre optimisation au fur et à mesure de son usage et de l’expérience.

Trousse - Contenants

2.3. Le contenu de la trousse

2.3.1. Liste / Composition

Voici la liste des objets constituant cette trousse, afin de répondre à l’analyse des besoins exprimé plus haut.

–  Instruments et matériel

  • 1 Lampe frontale (piles de rechange)
  • 1 Cyalume Blanc 8 heure
  • 1 thermomètre
  • 1 Pince Adson (Suture)
  • 1 Pince extraction tique
  • 1 Pince à pointe fine
  • 1 Pince Kocher à mors
  • 1 Ciseaux à bandage
  • 1 paire de ciseaux Jesco
  • 1 pince à épilé à griffe (Adson)
  • 3 Bistouris – scalpels
  • 1 tube de colle de Cyanoacrylate
  • 3 mètres de Duct-tape

– Blessures

  • 3 Compresses tissées stérile – 10 cm x 10 cm
  • 3 Compresses tissées stérile – 7,5 cm x 7,5 cm
  • 1 Bande extensible – 7 cm x 4 m
  • 1 Bande extensible – 10 cm x 4 m
  • 6 Pansement grand format
  • 10 Sutures Steri-Strip 6 mm x 100 mm
  • 3 mètres de Duct-tape
  • 3 Betadine Dermique 10% – unidoses 5 ml
  • 1 Compresses hémostatiques (C.H.U.T. Thuasme)
  • 1 Pansement Compressif simple (Medi Pression)
  • 5 Pansements Compeed Ampoules
  • 2 Sérum physiologique – unidose 50 ml
  • 3 Teinture d’arnica Sachet-Dose
  • 3 Compresses imprégnées Biseptine – Sachet-Dose
  • 3 Compresses imprégnées Alcool 70°
  • 2 Burnshield Sachet-dose 10cm x 10cm
  • 20 petits pansements
  • 1 rouleau Sparadrap

– Squelette et muscle

  • 1 Echarpe triangulaire
  • 1 Bande de contention cohésive 6 m x 7,5 cm
  • 1 bande de contention type Elastoplast de 5x130cm
  • 1 bande de contention type Elastoplast de 15x150cm
  • 1 bande crêpe

– Divers et administration

  • 2 paires de gants en Nitrile
  • 2 sacs plastiques type sac congélation
  • 10 tablettes pour la purification de l’eau (1 tab/L)
  • 1 Sharpie 2 pointes
  • 1 carnet de note waterproof
  • 1 couverture de survie
  • 1 Sac déchet médicaux

– Pharmacie

  • 1 Collyre antiseptique – unidose 10 ml
  • 3 Cicatryl pommade – Sachet-Dose 2g
  • 1 tube Apaisyl gel piqûres d’insectes 30 g
  • 3 + 3 Smecta Sachet (Adulte & Enfant)
  • 6 Comprimés Imodium en orodispersibles
  • 4 Ibuprofène 400m
  • 4 Paracétamol 1g
  • 4 Paracétamol 500mg
  • 3 Paracétamol 300mg

2.3.2. La redondance

Il est important tant que faire se peut d’envisager la redondance des solutions, et principalement pour les dispositifs aux situations critiques. Il y a souvent un moyen simple d’y parvenir.

Par exemple, la trousse définies ci-dessus dispose finalement de 3 moyens d’arrêt hémorragique. Le coussin hémostatique CHU, le pansement de compression non stérile, et nous pourrions aussi utiliser de la gaze/compresse ou encore la bande extensive (pour faire un coussin hémostatique) et la bande de contention cohésive pour appliquer la compression. D’autres scénarios croisés doivent vous permettre d’apporter des alternatives et de donc de la redondance.

3. Réalisation de la trousse

Le diaporama ci-dessous décompose l’organisation que j’exploite dans le cas présent s’adaptant à la configuration de la trousse :

  • Instruments ;
  • Divers ;
  • Bandage & Rinçage ;
  • Compresses & et grand passements ;
  • Médicaments & “Bobologie” ;
  • Instruments rapide & protections & Lumière ;
  • Petits plus.

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Voici en vidéo les éléments constituant la trousse adaptée au mini cahier des charges.

 

4. Petit RetEx Tasmanian Tiger Small Medic Pack

Il n’y a pas de solution unique répondant à toutes les situations, sauf à disposer d’un sac à doc ou sac de secours professionnel. Nos objectifs ne sont pas des opérations de secours et pour cela nous devons trouver des compromis réalistes à nos activités.

Une trousse de secours devra donc être adapté principalement aux critères ci-dessus et dimensionnée en conséquence.

Dans cet exemple j’ai utilisé une trousse d’un volume de 3 litres (26 x 14 x 11 cm) et vous l’aurez constaté aucun espace n’est perdu dans une configuration “Familiale” ou disons “Groupe”. Cette trousse est une Tasmanian Tiger Small Medic Pack. Cette trousse se trouve au prix de 45 à 85€ en général sur la toile.

Clin d’œil à la boutique www.equipements-militaire.com chez qui je l’ai acheté au plus bas prix constaté de 44,90€ et 6,50€ de frais de port.

Nul besoin d’un équipement tactique/militaire avec fixation molle il est vrai, cependant il est important de constater à quel point l’agencement de la trousse est bien pensé pour le besoin évoqué.

  • Volume intéressant (3 litres) pour une trousse avancée (AFAK),
  • Poche intérieure arrière translucide ;
  • Bandes de fixations élastiques partout ;
  • Fourreau extérieur pour les ciseaux d’urgence ;
  • Poche extérieure velcro ;
  • Ouverture principale en zip parallèle qui lui confère un accès très rapide et globale (avec une seule main) ;
  • Fixation Molle si nécessaire (Modularité : Ajout de poches, d’étui garrot, couteau, ou accessoires) ;
  • Qualité de fabrication Allemande (marque spécialisée pour professionnels).

Voici un diaporama de la trousse :

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Le seul reproche est qu’il n’y a pas d’anneau d’accroche pour éventuellement passer en mode bandoulière puisque c’est un ceinturon qui est disponible. Ce défaut est vite compensé par la mise en place de sangles anneaux Molle sur l’arrière de la trousse.

Il existe d’autres solutions de contenants comme évoqué par la photographie de la section 2.2, et dans tous les cas il faudra trouver ce qui correspond le plus à vos contraintes et vos besoins.

5. Gestion dans le temps

Cette trousse est un objet “vivant”, il faut lui apporter une attention régulière afin de vérifier :

  • La date d’expiration des produits ;
  • Les quantités suite à l’utilisation (réassortiment) ;
  • Éventuellement lui apporter des modification et ou mise à jour de contenus en fonction de votre UX.

Une liste plastifiée du contenu et dans la trousse peut vous permettre d’effectuer la “checklist” rapide avant départ.

6. Compléments critiques

Certains dirons :

  • Pourquoi pas de canule (trachéotomie) ? On a tous vu un jour un film, où le secouriste utilise un stylo bic pour opérer une trachéotomie. Ben franchement je ne sais pas si j’aurais l’audace de perforer au couteau la trachée d’un de mes enfants pour y placer une canule. Donc l’avoir, c’est bien mais l’utilisation restera celle d’un professionnel.
  • Pourquoi pas d’aiguille de décompression ? Son usage est complexe et le taux de réussite chez les professionnels n’est pas optimum. Le professionnel optera pour une thoracostomie au bistouri pour placer un drain d’exsufflation lorsque cela sera possible. Donc l’avoir c’est bien, mais l’utilisation restera celle d’un professionnel.
  • Pourquoi pas de garrot ? Même si en France les programmes de formation aux secourisme réintègrent peu à peu son usage, cela reste réservé à des situations critiques avec plusieurs blessés et une capacité d’agir réduite. Il faut rappeler que la pose d’un garrot nécessite la compréhension du dispositif et des compétences certaines. En effet, beaucoup de paramètre sont à prendre en compte : Temps limite, pression, largeur du garrot, adulte/enfant, positionnement, relâchement périodique [Alternative intéressante le SWAT-T : Article prochain]

Dans mon exemple de cahier des charges, ces dispositifs semblent optionnels au vu de l’activité peu risquée prévue.

Donc à circonstances inhabituelles solutions exceptionnelles, il est possible de disposer de ces instruments pour palier aux situations exceptionnelles voir à l’appui d’un médecin, mais leur usage est conditionné aux situations extrêmes. Nous ne sommes pas nécessairement des urgentistes.

7. Références vidéos (Playlist Youtube)

Merci aux auteurs des ces vidéos (Citoyen prévoyant, Vikgadsden et Vol West) qui apportent différents éclairages et réflexions sur ce sujet.

8. Conclusion

Voila l’article touche à sa fin et j’espère vous avoir apporter un peu de méthode dans la conception de vos trousses de secours. A titre d’information, je dispose d’une trousse au domicile, une trousse dans chaque voiture, la trousse ci-dessus pour les activités séjours, une trousse individuel, et je construis en ce moment une trousse individuel pour chaque membre de la famille.

N’hésitez surtout pas à laisser vos commentaires, j’y répondrais le plus vite possible.

A bientôt,

Le Résilient

Cet article a 14 commentaires

  1. Guillaume

    J’ai actuellement une trousse provenant des kit tout fait de grande surface. Je l’ai “customisée” mais la trousse en elle même n’est pas pratique pour un sous. Elle est toute molle et sans réel compartiments. C’est galère.

    Super article ultra complet, clair et surtout sobre (au vue d’autres sets de survivalistes). Je vais m’inspirer de ton type de rangement dans les petite boites pour améliorer ma trousse en attendant d’avoir une trousse digne de ce nom 😀

    Stay safe (comme dirait l’autre 😉 )

  2. Nicolas

    Bonjour,
    Où avez-vous trouvé les petites boites blanches transparentes que l’on voit dans votre trousse de secours ?
    Avez-vous un site internet à conseiller pour l’achat de matériel de secours ?

  3. Nicolas

    Je suis intéressé par la référence de la trousse. Difficile de trouver quelque chose de bien et pas trop encombrant.

  4. Le Résilient

    Bonjour @Nicolas, il y a le lien vers le marchand en ligne le moins cher.

  5. Gonzague

    Bonjour,
    super vidéo et super article merci beaucoup !! ou avez vous trouvé les grande boite transparente comme celle ou vous mettez votre module bobologie ?
    Merci pour tout ce contenu

  6. Gonzague

    OK !!!! Donc je vais me mettre en quête de ce genre de boite alors … Merci

  7. Gonzague

    Je me demandais une chose sur le pansement CHUT c’est la même chose que le QuikClot Combat Gauze ou c’est juste une bande hémostatique sans le système de compression du CHUT ?

  8. Chantal BIET

    Bonjour, merci pour votre très intéressant article. Je suis en train de chercher à constituer une trousse qui permette de faire face à des situations de blessures ou de morsure (de serpent par exemple) dans une ferme isolée de moyenne montagne. Il semble que je puisse m’inspirer de votre exemple, mais que pensez-vous des aspi-venin ? Merci pour votre réponse. Chantal

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