Imaginez-vous au cœur d’une forêt dense, ou sur un plateau désertique, scruté par des yeux invisibles. Votre survie, ou simplement votre discrétion, dépend de chaque détail : du fond sur lequel vous vous tenez, à la poussière que vous laissez derrière vous. Les militaires français appellent ce guide mental FFOMECBLOT. Dix lettres qui condensent l’essentiel du camouflage et de la discrétion. Chaque lettre est un rappel, chaque principe, une loi silencieuse de la nature et du combat. FFOMECBLOT : l’art de disparaître
F . Fond : se fondre ou disparaître
La première règle est simple mais implacable : ne jamais se détacher de son environnement. Un soldat en kaki sur un mur blanc devient un phare. Pour disparaître, il faut choisir le bon arrière-plan, observer depuis la perspective de l’ennemi, et ajuster sa position pour que formes et couleurs se confondent avec le décor.
F . Forme : briser les contours
Nos yeux détectent d’abord les silhouettes. Une forme régulière, symétrique ou humaine attire l’attention immédiatement. Pour se cacher, il faut rompre ces contours : ajouter du feuillage, des branches, ou utiliser des filets de camouflage. Même la plus petite irrégularité dans une forme familière peut suffire à tromper l’œil le plus attentif.
O . Ombre : jouer avec l’obscurité
L’ombre trahit ce qu’on croit invisible. Se placer dans un lit d’ombre cohérent, éviter les bords nets, et ne pas créer de contraste évident sont essentiels. Le moindre écart peut transformer un camouflage parfait en silhouette détectable.
M . Mouvement : le pire révélateur
Le mouvement est une alarme naturelle. Limitez vos gestes, avancez lentement, attendez les moments propices : le vent, la pluie, ou un bruit de fond. Même un frémissement mineur peut être vu à distance. Le silence est souvent plus puissant que la couleur.
E . Éclat : dompter la lumière
Montres, jumelles, bouteilles d’eau, tout objet brillant trahit votre présence. Recouvrez-les de tissus mats, utilisez des bouchons, neutralisez la moindre réflexion. Dans certains environnements, un éclat peut être détecté à des centaines de mètres.
C . Couleur : se fondre dans la palette de la nature
Les teintes militaires ne sont pas des choix esthétiques. Le vert, le kaki, le brun, et leurs déclinaisons saisonnières sont les couleurs les plus neutres dans la nature. Adapter ses couleurs à l’environnement est aussi crucial que briser sa forme.
B . Bruit : la discrétion sonore
Tout bruit peut révéler votre présence. Chaussures crissant, métal qui claque, parole trop forte : chaque son compte. Attachez vos équipements, enveloppez les objets métalliques, et adoptez des signaux silencieux pour communiquer.
L . Lumière : éteindre les feux
La lumière attire l’œil comme un aimant. Éteignez écrans et lampes, utilisez des filtres rouges pour lire, et ne laissez jamais un bout de cigarette traîner. Même la lueur faible d’un téléphone peut être vue de très loin.
O . Odeur : le parfum du danger
L’odorat peut trahir ce que les yeux ne voient pas. Stockez votre nourriture hermétiquement, choisissez l’emplacement de vos latrines, et veillez à votre hygiène sans cosmétique odorant. Le vent peut transporter l’odeur de diesel, de poudre ou même d’un repas oublié, révélant votre présence.
T . Traces : effacer votre passage
Les traces sont souvent plus dangereuses que la silhouette elle-même : empreintes, poussière, déchets, douilles, bidons vides, tout peut renseigner un observateur sur votre passage, votre nombre et votre équipement. Effacez, dispersez, camouflez : votre route doit disparaître derrière vous.
FFOMECBLOT au quotidien
Le FFOMECBLOT n’est pas réservé aux militaires. Randonneurs, chasseurs et photographes animaliers peuvent appliquer ces principes pour se fondre dans la nature. C’est l’art de la discrétion totale, où chaque détail compte, où chaque geste peut vous rendre visible ou invisible.
Adaptations par environnement
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- Forêt/tempéré : privilégier feuillage local, casser la silhouette verticale, gérer odeurs animales.
- Désert : protéger contre reflets, choisir couleur sable, minimiser silhouettes sur horizon plat.
- Neige : utiliser blanc sale (pas pur), masquer ombres nettes, éviter reflets brillants sur givre.
- Urbain : se fondre dans ruines/ombres, éviter surfaces lisses et fenêtres réfléchissantes, masquer bruits de pas sur métal/gravats.
Contre-mesures modernes (à connaître)
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- Détection thermique (caméras thermiques) : isolation, réduire signature corporelle (matériels isolants), éviter les feux hors besoins vitaux.
- Vision nocturne (NVG) : la structure et contraste restent visibles casser les contours.
- Détection acoustique : limiter émissions régulières et vibrations (générateurs, moteurs).
- Empreinte électronique : limiter émissions RF (téléphones, balises) ou utiliser modes avion/éteint.
Fiche-mémo
- F — Fond : choisir un arrière-plan cohérent → pas de contraste.
- F — Forme : casser contours (branches, filets).
- O — Ombre : rester dans l’ombre nette, éviter bords.
- M — Mouvement : limiter; mouvements lents/synchronisés.
- E — Éclat : matifier tout verre/métal.
- C — Couleur : adapter à la saison/milieu.
- B — Bruit : attacher/emmousser objets, parler très peu.
- L — Lumière : couper écrans/feux; utiliser filtres rouges.
- O — Odeur : stocker nourriture hermétique, latrines loin, zone sous le vent.
- T — Traces : effacer/enterrer/dissiper les déchets et empreintes.

Je m’appelle Sébastien. Sans jugement ou catégorisation, je ne m’identifie pas plus particulièrement aux « Survivalistes », « Preppers », « Décroissant », (…) qui ont cependant le mérite de mettre en lumière des sujets et connaissances malgré tout. Je me reconnais plutôt comme un « Résilient ». En tant que père de famille, je développe une approche modéré, structurée et éducative avec une forte envie d’apprendre et transmettre. En savoir plus.