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Résilience hydrique mobile

L’eau est un élément indispensable à la vie : il est bien connu que trois jours sans boire peuvent s’avérer mortels. Pour un débutant, déterminer l’équipement nécessaire et organiser sa réserve d’eau n’est pas une tâche évidente. Avec de l’expérience et une pratique régulière d’une activité, il devient possible d’adapter sa préparation hydrique à un exercice connu, en tenant compte de critères déterminants comme la durée, l’intensité ou les conditions climatiques. En revanche, lorsque l’effort ou l’activité diffèrent de nos habitudes, il est essentiel de savoir ajuster sa gestion de l’eau et de l’hydratation pour rester efficace et en sécurité.

1. Préambule : La déshydratation

Je souhaite lever certains malentendus sur un sujet trop souvent négligé : la déshydratation. On la résume souvent à quelques désagréments comme les crampes, les maux de tête ou les vertiges, mais ses effets vont bien au-delà. Dès les premiers signes de déshydratation, le corps entre dans une zone de vulnérabilité physiologique et cognitive.

Quand le déficit hydrique s’installe, le sang s’épaissit, la circulation se ralentit, et le cerveau reçoit moins d’oxygène. Résultat : la concentration chute, la perception du danger se brouille, les réflexes se dégradent. Vos capacités de jugement, de prise de décision et de résolution de problème diminuent sensiblement. Une personne déshydratée pense moins clairement, analyse moins bien son environnement, et commet plus facilement des erreurs. C’est ce que j’appelle les « sur-incidents » : ces petits accidents ou mauvaises décisions qui surviennent à cause d’un affaiblissement invisible mais bien réel.

Sur les efforts longs ou soutenus, la déshydratation peut aussi entraîner un phénomène plus grave : la dérive cardiovasculaire. Ce déséquilibre est provoqué par la combinaison de plusieurs facteurs : la chaleur extérieure, la production de chaleur interne liée à l’effort, et la perte de liquides corporels. Pour refroidir l’organisme, le corps augmente le flux sanguin vers la peau, ce qui provoque une baisse du volume sanguin disponible pour les organes vitaux. La pression artérielle diminue, le cœur doit battre plus vite pour compenser, et la fatigue cardiovasculaire s’installe.

L’origine du phénomène de la dérive cardiaque est due à 3 facteurs qui peuvent se conjuguer : la chaleur extérieure (et le degré d’humidité), la production de chaleur endogène, la déshydratation. Dans chaque cas, il est nécessaire et vital de refroidir l’organisme. Pour ce faire, le flux sanguin cutané (vers la peau) est fortement augmenté (refroidissement liquide, ce qui entraîne un déplacement de fluides à partir du plasma sanguin vers le tissu cutané). Il en résulte en cascade une baisse de la pression artérielle pulmonaire et une diminution du volume d’éjection systolique. Pour maintenir le débit cardiaque (Débit = FC x VES), le rythme cardiaque doit augmenter. (Source : LEPAPE-INFO)

La déshydratation n’est donc pas qu’une question de confort : c’est un risque physiologique sérieux qui altère directement vos performances, votre lucidité et votre sécurité. Boire régulièrement, anticiper ses besoins et connaître ses limites sont des réflexes de survie au même titre que s’abriter ou se nourrir.

Car le sujet est essentiel, je vous encourage à lire les articles :

2. Facteurs impactant la gestion de l’eau et de l’hydratation

À titre d’exemple, plusieurs facteurs évidents influencent directement votre gestion de l’eau et de l’hydratation lors d’une sortie ou d’une expédition. La liste qui suit n’est pas exhaustive, mais elle constitue déjà une base solide pour évaluer vos besoins et anticiper les contraintes liées à votre itinérance.

    • Le type d’activité et l’intensité de l’effort : une marche tranquille en forêt ne sollicite pas le corps de la même manière qu’une ascension ou qu’un raid en VTT. Chaque discipline impose un rythme, une dépense énergétique et donc une consommation d’eau différente.
    • La durée de l’activité : une sortie à la journée n’exige pas la même gestion qu’une traversée de plusieurs jours, où la question du ravitaillement et du traitement de l’eau devient centrale.
    • Les conditions météorologiques et la saison : chaleur, humidité, vent, froid ou pluie influencent la perte d’eau par transpiration et respiration. En été, la déshydratation guette ; en hiver, la sensation de soif diminue alors que les besoins persistent.
    • L’environnement traversé : la topographie, les dénivelés, la présence d’ombre ou au contraire l’exposition au soleil, la densité de végétation et surtout la disponibilité de points d’eau (sources, ruisseaux, fontaines) déterminent votre stratégie d’emport et de ravitaillement.
    • Votre profil personnel : chaque individu réagit différemment à l’effort. L’entraînement, l’expérience, la morphologie et le niveau de sudation influencent fortement la consommation d’eau nécessaire pour maintenir les performances et éviter les troubles liés à la déshydratation.
    • Les besoins annexes en eau : il ne faut pas oublier la part nécessaire à la cuisine, à la réhydratation des aliments lyophilisés ou à la préparation de boissons chaudes, souvent sous-estimée.
    • Le volume et le poids d’eau transportable : l’eau pèse lourd — un litre équivaut à un kilogramme. Le compromis entre autonomie et charge portée doit donc être réfléchi, en fonction du terrain et de la distance entre deux points d’approvisionnement.
    • Le confort hydrique : il s’agit du juste équilibre entre la quantité d’eau disponible et l’effort fourni. Boire trop peu nuit aux performances, boire trop souvent peut devenir contraignant et ralentir le rythme.

En considérant l’ensemble de ces paramètres, il devient possible de choisir un équipement adapté à votre pratique, à votre environnement et à votre autonomie souhaitée. Il n’existe pas de solution universelle, mais plutôt une combinaison raisonnée de choix et de compromis : anticipation, planification et connaissance du terrain sont les véritables clefs d’une bonne gestion de l’eau en itinérance.

3. Quantité d’eau en mobilité  ?

La question paraît simple, mais la réponse ne l’est pas. Déterminer la bonne quantité d’eau à emporter relève d’un véritable équilibre entre connaissance de soi, connaissance du terrain et contraintes physiques. Avant tout, il faut apprendre à se connaître :

    • Quelle est votre tolérance à l’effort ?
    • Quelle quantité de transpiration produisez-vous selon la température et l’intensité de l’activité ?
    • Quelle est votre habitude de consommation d’eau en conditions normales ou en activité ?

Ces paramètres personnels sont essentiels pour éviter aussi bien la déshydratation que la surcharge inutile.

Mais la connaissance de soi ne suffit pas : il faut aussi comprendre le milieu traversé. La disponibilité des points d’eau, la qualité des sources naturelles, la saison, la météo (chaleur, vent, humidité) et les techniques de potabilisation dont vous disposez jouent un rôle déterminant. Traverser une vallée alpine au printemps n’a rien à voir avec une marche sur un plateau calcaire en plein été.

Enfin, il existe une limite physique de portage : l’eau est lourde (1 kg par litre), et chaque litre emporté impacte votre autonomie, votre vitesse et votre confort. Personne ne peut définir ce seuil à votre place : c’est à chacun de trouver le point d’équilibre entre autonomie et charge supportable. Cette équation se résout par l’expérience, en observant sa consommation réelle et les conditions rencontrées.

À titre indicatif, pour un pratiquant débutant, on peut estimer une consommation minimale de 3 litres par jour pour couvrir les besoins physiologiques de base (hydratation, cuisson, hygiène légère).

3 litres par jour ne signifient pas forcément transporter 3 litres sur soi :

    • sur un itinéraire où l’eau est abondante et facilement accessible, il est plus judicieux de ravitailler régulièrement en petites quantités ;
    • à l’inverse, dans un milieu aride ou isolé, il faudra prévoir une autonomie complète, quitte à alourdir temporairement la charge.

Avec le temps et la pratique, chacun développe une intuition hydrique : on apprend à lire le terrain, à sentir son corps, et à doser précisément ce dont on a besoin. La gestion de l’eau devient alors une compétence instinctive, au même titre que l’orientation ou la préparation du bivouac.

4. Potabilisation de l’eau en mobilité

potabilisation

La question de la potabilisation est un vaste sujet, souvent mal compris ou simplifié à outrance. Pourtant, c’est un enjeu vital en itinérance, et une erreur d’appréciation peut rapidement se traduire par des troubles digestifs, voire une incapacité à poursuivre l’effort.

4.1 Comprendre le contexte avant tout

Le lieu de l’activité détermine directement le niveau de risque associé à l’eau naturelle. Une source à 2 000 mètres d’altitude, éloignée de toute activité humaine, agricole ou pastorale, sera logiquement moins exposée aux nitrates, pesticides et rejets organiques qu’un ruisseau traversant un pâturage ou une forêt fréquentée par la faune. Cependant, « claire » ne veut pas dire « potable ». Même une eau cristalline, ruisselant sur un pierrier de montagne, peut être contaminée par des micro-organismes pathogènes (Giardia, Cryptosporidium, E. coli) issus des déjections animales situées en amont.

En résumé :

⚠️ Sauf à connaître précisément la source et sa potabilité avérée, toute eau naturelle doit être traitée.

4.2 Et la neige alors ?

La neige immaculée inspire confiance, mais fondue, elle donne une eau quasiment déminéralisée, dépourvue d’électrolytes essentiels. En boire occasionnellement ne pose pas de problème, mais une consommation prolongée peut provoquer déséquilibres minéraux et fatigue. Mieux vaut l’utiliser pour la cuisson ou la réhydratation de repas lyophilisés que pour l’hydratation directe.

4.3 Les solutions de potabilisation

Aujourd’hui, le marché regorge de systèmes de traitement : Katadyn, Lifestraw, MSR, Sawyer, OKO, et bien d’autres. Les tests « YouTube » et les discours d’influenceurs entretiennent souvent la confusion — entre performance marketing et réalité de terrain, il y a parfois un gouffre.

Pour bien choisir, il faut s’intéresser à trois critères essentiels :

      1. La finesse de filtration : La plupart des filtres performants travaillent à 0,1 micron, ce qui permet d’éliminer bactéries et protozoaires. En revanche, les virus (bien plus petits) passent à travers, ce qui justifie l’usage complémentaire d’une désinfection chimique ou thermique.
        → Attention également à la durée de vie réelle du filtre : les fabricants annoncent parfois des chiffres irréalistes (jusqu’à 100 000 litres), rarement atteints sur le terrain.

      2. La logique sanitaire et la manipulation : L’efficacité ne dépend pas uniquement de la technologie, mais aussi du geste et de la propreté. Manipuler une gourde ayant trempé dans une eau douteuse, puis boire directement à son embout, augmente le risque de contamination croisée. C’est pourquoi il est souvent préférable de séparer la phase de traitement (filtration/désinfection) de la phase d’hydratation.

      3. Le débit de filtration : Un détail souvent sous-estimé. Sur le terrain, un filtre lent devient vite un facteur de frustration et de perte de temps. Un débit adapté à vos besoins (par exemple, 1 à 2 L/min) facilite la gestion de l’eau en bivouac ou en déplacement.

4.4 La méthode « ceinture et bretelles »

L’approche la plus sécurisée consiste à combiner filtration mécanique + désinfection chimique.

      • Le filtre élimine les particules, bactéries et protozoaires.
      • La pastille (chlore ou dioxyde de chlore) détruit les virus et assure une stérilisation complète.

Cette double barrière permet d’obtenir une eau sûre à boire, même dans des zones à forte incertitude sanitaire.

4.5 Ebullition de l’eau

Parmi toutes les méthodes de potabilisation, l’ébullition reste la plus fiable et la plus universelle. Elle ne nécessite ni filtre sophistiqué, ni produit chimique : seulement un récipient, une source de chaleur et un peu de temps.

Une méthode d’une redoutable efficacité

L’ébullition détruit l’ensemble des micro-organismes pathogènes présents dans l’eau : bactéries, virus, protozoaires et parasites. Cependant, pour qu’elle soit réellement efficace, l’eau doit être claire avant traitement. Une eau boueuse ou chargée de matières organiques protège partiellement les germes de la chaleur. Il est donc essentiel de clarifier l’eau en amont, soit par décantation (laisser reposer quelques heures pour que les particules se déposent), soit par filtration grossière (à travers un tissu, un filtre à café ou un système rudimentaire de sable et charbon).

La durée compte

        • À basse altitude, une ébullition franche pendant 1 minute suffit à rendre l’eau potable.
        • Au-delà de 2 000 mètres d’altitude, la pression atmosphérique plus faible réduit la température d’ébullition, ce qui exige un temps prolongé d’au moins 3 minutes. Dans tous les cas, il ne s’agit pas d’un simple frémissement, mais bien de gros bouillons continus.

Une méthode à envisager en bivouac

L’ébullition est une méthode très sûre, mais contraignante en mobilité. Elle demande :

        • du temps, car il faut préparer le feu ou le réchaud, attendre la montée en température, puis le refroidissement de l’eau avant consommation ;
        • du combustible (gaz, essence, alcool, bois), dont l’emport doit être anticipé ;
        • et un environnement favorable : dans certaines zones, il n’est pas possible d’allumer un feu pour des raisons de sécurité, de discrétion ou de réglementation.

C’est pourquoi cette méthode est particulièrement adaptée au bivouac du soir, lorsque l’on dispose du temps et du matériel nécessaires.

⚠️ À garder en tête

L’ébullition ne supprime pas les polluants chimiques (nitrates, métaux lourds, hydrocarbures). Elle neutralise les agents biologiques, mais pas les substances dissoutes. C’est une méthode parfaite pour un contexte naturel préservé, mais insuffisante dans une zone agricole, urbaine ou industrielle.

5. Point de vue sur les gourdes filtrantes

Les gourdes filtrantes sont souvent présentées comme la solution miracle pour boire en toute sécurité n’importe où. Sur le papier, le concept est séduisant : on remplit la gourde, on boit directement, et le filtre interne se charge du reste. Mais sur le terrain, la réalité est plus nuancée, surtout lorsqu’on considère les aspects sanitaires et pratiques.

5.1 Un risque de contamination sous-estimé

Plonger sa gourde dans une eau douteuse — ruisseau, flaque, mare — revient inévitablement à contaminer l’extérieur du récipient et souvent ses mains. Ensuite, en la manipulant pour boire, on crée un risque de transfert microbien vers le goulot, l’embout ou la pipette. Autrement dit : on filtre peut-être l’eau, mais pas les gestes. Et c’est souvent là que survient la contamination.

C’est pourquoi, à mon sens, les phases de traitement (filtration, désinfection) et d’hydratation (boisson directe) doivent rester strictement séparées, avec une étape de décontamination intermédiaire : rinçage des mains, nettoyage du goulot ou transfert de l’eau dans un contenant propre. Même si l’exposition digestive reste limitée, de nombreux utilisateurs rapportent avoir souffert de troubles intestinaux malgré l’utilisation d’une gourde filtrante. Cela montre bien que le danger ne vient pas toujours de l’eau elle-même, mais souvent de la manipulation.

5.2 Des limites ergonomiques sur le terrain

Autre point souvent ignoré : la praticité en mouvement. Les gourdes filtrantes à récipient rigide ou à paille intégrée demandent un effort de succion non négligeable, ce qui devient vite inconfortable en pleine activité (marche rapide, escalade, vélo, etc.). De plus, ces modèles imposent de s’arrêter pour boire, parfois en terrain instable ou exposé, ce qui n’est pas toujours envisageable. À l’inverse, une poche à eau avec pipette offre un meilleur confort d’hydratation : le portage reste équilibré, et l’accès à l’eau est instantané, sans geste parasite.

5.3 La bonne approche

La solution la plus sûre consiste à utiliser la gourde filtrante comme outil de traitement, et non comme outil d’hydratation directe. En d’autres termes :

💡 Filtre ton eau dans une gourde propre ou une poche à eau séparée, plutôt que de boire directement au goulot de ta gourde filtrante.

C’est d’ailleurs de cette manière que j’utilise ma gourde OKO : elle me sert à remplir un autre contenant, dédié exclusivement à la boisson. Ce protocole, simple mais rigoureux, réduit drastiquement les risques de contamination croisée tout en garantissant une eau réellement potable.

6. Les solutions de filtration mécanique

Entre poche à eau, flasque, gourde rigide ou souple, modèle isotherme ou filtrant, sans oublier les accessoires et systèmes de purification, l’offre en matière d’hydratation est aujourd’hui extrêmement variée. Mais s’il y a bien une certitude, c’est qu’il n’existe aucune solution universelle capable de convenir à toutes les situations. Le choix doit se faire en fonction du contexte, de la durée, de l’effort, de la saison et des ressources disponibles sur le terrain — autant de paramètres évoqués précédemment.

👉 Pour une sortie à la journée, la logique consiste souvent à partir avec la quantité d’eau nécessaire dès le départ, voire légèrement au-delà si les températures sont élevées ou le parcours exigeant. Cela évite de dépendre de sources incertaines ou de perdre du temps à filtrer.

👉 Sur plusieurs jours, la stratégie change radicalement : il devient indispensable d’être capable de capter, transporter et traiter l’eau au fil du parcours. Cela implique un matériel plus réfléchi — combinaison de contenants (poche à eau + gourde), de filtres, voire de pastilles de traitement.

En somme, le bon choix n’est pas celui d’un objet en particulier, mais celui d’un système cohérent adapté à votre pratique. Chaque randonneur doit trouver son équilibre entre autonomie, confort et sécurité, en sélectionnant la solution la plus adaptée à son environnement et à sa manière de se déplacer.

hydratation en action - Modularité

La modularité

Pour moi, l’approche la plus solide passe par la modularité : plutôt que chercher le « matériel parfait », il vaut mieux assembler un système évolutif, composé d’éléments complémentaires que l’on peut ajouter, retirer ou remplacer selon la sortie. Analyser vos besoins, prévoir des options et accessoiriser intelligemment permet d’augmenter votre résilience sur le terrain — et d’éviter d’emmener du poids inutile.

Voici comment penser et mettre en place cette modularité, de façon pratique :

      • Définir une base fiable : Commencez par un noyau matériel polyvalent (ex. : poche à eau 2 L + une gourde rigide). C’est votre « plateforme » : légère, confortable et adaptée à la majorité des sorties.
      • Ajouter des modules selon l’usage : Préparez des modules interchangeables : filtre compact (Sawyer/Squeeze), kit de pastilles, gaine isotherme, flasque souple d’appoint, thermos, sacoche avant pour flasques. Selon la sortie  — journée, itinérance multiple, haute-montagne — vous accrochez ou retirez les modules pertinents.
      • Organiser par scénarios : Créez plusieurs « packs » prêts à l’emploi (ex. : Pack Journée chaude, Pack Bivouac 48 h, Pack Terrain isolé). Chacun contient la base + les modules nécessaires, ce qui accélère la préparation et réduit l’oubli.
      • Prioriser la réparation et la redondance : Emportez des pièces de rechange et des moyens de réparation (bouchon, assortiment de joints, petit tuyau, colle). La modularité facilite l’échange d’un composant défectueux sans compromettre la sortie entière.
      • Tester et ajuster progressivement : Rome ne s’est pas faite en un jour : testez vos combinaisons sur de courtes sorties avant de les adopter pour une expédition. Notez ce qui pèse, gêne ou manque, et ajustez. L’expérience affinera votre sélection.
      • Penser au rangement et à l’accessibilité : Utilisez des pochettes étiquetées et un rangement cohérent dans votre sac (eau propre / eau sale, filtration, cuisine). Sur le terrain, le bon agencement économise du temps et limite les erreurs hygiéniques.
      • Respecter ses priorités personnelles : Nul besoin d’embarquer tout ce que j’utilise : adaptez la modularité à votre pratique, votre tolérance au poids et votre niveau d’autonomie souhaité.

En résumé : une stratégie modulaire vous donne flexibilité, économie de poids, robustesse et capacité d’adaptation. Construisez votre dispositif étape par étape, apprenez de chaque sortie et laissez votre équipement évoluer avec vous.

7. Ma configuration standard

Cette configuration est la mienne, elle me correspond, mais elle ne répondra peut-être pas à vos besoins. Je vous décris mon setup pour que vous compreniez la démarche avant tout.

YouTube player

A cette configuration, j’adjoins un réservoir souple et léger lorsqu’il est vide (Hydrapak Seeker – 2 L – 78 g et le kit d’adaptation Sawyer), me permettant lorsque le parcours m’isole de possibilités de capter de l’eau, de prévoir le jour d’après.

Les erreurs les plus courantes

    1. Un filtre à poste fixe sur la pipette de la poche à eau,
    2. Immerger son dispositif d’hydratation,
    3. Boire depuis le dispositif de filtration,
    4. Filtration par succion sans compression : La paille de survie n’est pas adaptée à la randonnée,
    5. Les contenants rigides : Ne peuvent fonctionner qu’en filtration gravitaire et par aspiration. Ils sont inadaptés à hydratation pendant l’effort.

Encore une fois je vais donc à l’opposé de ce que les fabricants nous proposent, et de facto aussi à l’opposé des dictats influenceurs. Pourquoi immerger mon réservoir souple Hydrapak Seeker dans une eau souillée et polluée ? Sachant que ce contenant n’est pas le plus pratique à nettoyer et décontaminer, il est donc plus logique de considérer ce réservoir comme contenant d’une eau décantée et filtrée. Si on accepte ce raisonnement, il faut donc trouver comment apporter de l’eau propre et filtrée directement dans Hydrapak Seeker – 2 L, et bien entendu dans ma poche à eau.

Retournons au sujet de l’article, voici comment je mets en place une modularité, une polyvalence et une résilience aux potentiels imprévus. Les éléments constituant mon dispositif global (211 grs)  :

8. Adaptation Hydrapak Seeker avec le filtre Sawyer Squeeze

A – Kit d’adaptation Hydrapak Seeker

Ce kit permet d’obtenir une gourde filtrante en connectant un filtre Sawyer avec un direct system verrouillable sur le capuchon de l’Hydrapack (Soit dit en passant très bien foutu). Ce capuchon est automatique, en position fermé sans embout, et se déverrouille une fois un embout engagé. Voici en images les possibilités d’assemblages envisageables.

B – Bague de couplage 28 mm – Sawyer SP150 (Optionnel si SP115)

La gamme d’accessoires Swayer est riche en possibilités d’adaptations. Cette bague de 28 millimètres est sensée permettre l’inversion de flux pour nettoyer le filtre à la place de la grosse seringue fournie avec le filtre lui-même (plus lourde et encombrante). Pour ma part, je l’utiliserai cette bague de couplage dans l’objectif d’opposer la connexion au filtre, et ainsi permettre d’injecter de l’eau filtrée directement dans le réservoir Hydrapak Seeker – 2 L et non l’inverse. Je respecterai donc ma logique sanitaire. Cette bague de couplage n’est pas nécessaire si vous avez déjà le même dispositif d’adaptation SP115.

C – Transvasement

Il est dès lors possible d’envisager un transvasement depuis la séparation pipette de mon adaptation poche à eau, et ainsi, ne pas devoir sortir ma poche de son enveloppe de protection thermique et des logements aménagés de mes sacs à dos.

Hydrapak-Seeker-avec-le-filtre-Sawyer-Squeeze-Transvasement

9. Conclusion : maîtriser sa gestion de l’eau, c’est maîtriser son autonomie

La gestion de l’eau en itinérance n’est ni une science exacte, ni une recette toute faite. C’est avant tout une affaire de connaissance de soi, d’expérience et d’adaptation permanente aux conditions du terrain. Chaque milieu, chaque effort, chaque saison impose ses propres contraintes, et vouloir appliquer une solution universelle est une erreur fréquente.

L’eau, c’est la vie, mais c’est aussi le poids, la logistique, la sécurité et la santé. Apprendre à équilibrer ces aspects, à choisir les bons outils (poche à eau, filtre, réservoir, gourde, pastilles, réchaud…), et à respecter une hygiène rigoureuse dans les manipulations est un gage de résilience. C’est aussi un facteur clé de performance et de lucidité : un corps bien hydraté, c’est un esprit clair, une prise de décision plus sûre, et une endurance accrue.

La modularité reste selon moi la meilleure approche : disposer d’un système évolutif, capable de s’adapter à la durée de l’effort, au climat, ou à l’environnement. Mieux vaut penser son dispositif global comme un écosystème cohérent, plutôt que comme une accumulation de gadgets.

Enfin, ne perdez jamais de vue que l’hydratation se prépare en amont, se gère dans l’action et se corrige au bivouac. L’expérience et la réflexion personnelle valent bien plus que les recommandations standardisées ou les conseils d’influenceurs.
Sur le terrain, c’est votre corps, votre charge et votre sécurité. À chacun de trouver son équilibre hydrique, son système, et sa méthode — parce que dans l’adversité, la seule norme qui compte, c’est celle qui vous maintient debout.

Cet article a 3 commentaires

  1. Kris

    Merci excellent article encore

  2. Arnaud

    Super complet et bravo pour les conseils sur les dangers de la contamination, trop souvent sous estimée.

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