En survie, on entend souvent parler de la règle des 5C popularisée par Dave Canterbury, l’un des instructeurs les plus connus de la scène bushcraft. Elle regroupe les cinq éléments matériels de base, considérés comme indispensables dans presque toutes les situations. Depuis, certains y ont ajouté un sixième « C », parfois même un septième, selon les écoles ou les formateurs. Dans cet article, nous allons détailler les 6C, tout en précisant que certaines approches évoquent un « 7C » sans consensus officiel.
Réédition et mise à jour d’un très vieil article de novembre 2019.
🎯 La redondance – 2 c’est 1 et 1 c’est rien
En survie, il est dangereux de ne compter que sur un seul équipement pour remplir une fonction vitale. C’est là qu’intervient le principe de redondance, résumé par l’adage bien connu : « Deux c’est un, et un c’est rien ».
Cela signifie que tout matériel essentiel doit avoir un doublon ou une alternative. Si ton briquet tombe en panne, un firesteel prend le relais. Si ta gourde se perd, des pastilles de purification associées à une simple bouteille plastique ramassée sur le terrain peuvent sauver la situation. La redondance, ce n’est pas du poids inutile, c’est une stratégie d’assurance contre la loi de Murphy : tout ce qui peut mal tourner finira par mal tourner.
Les 6C : la base universelle de l’équipement de survie
Les six catégories sont :
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- Couvrant
- Contenant
- Coupant
- Cordage
- Combustion
- Communication
Explorons-les en détail.
🥶 1. Couvrant – se protéger des éléments
Le premier besoin vital en survie, ce n’est pas la nourriture, mais la protection contre les éléments. Hypothermie, pluie, vent, soleil brûlant : l’exposition est l’un des plus grands dangers.
Un couvrant, c’est tout ce qui permet de se protéger :
- Vêtements adaptés (couche thermique, coupe-vent, poncho)
- Tarp, bâche ou poncho-tarp pour improviser un abri
- Sac de bivouac ou couverture de survie épaisse
L’idée n’est pas forcément de transporter une tente complète, mais de toujours avoir un moyen rapide de se protéger. Même un simple poncho imperméable peut faire la différence.
🥤 2. Contenant – garantir l’eau potable
En survie, l’eau est prioritaire : trois jours sans boire, c’est déjà critique. Un contenant robuste permet à la fois de stocker et, idéalement, de purifier l’eau.
- Gourde métallique (inox ou aluminium sans revêtement interne) pour pouvoir chauffer l’eau directement au feu.
- Bouteille Nalgene (résistante et polyvalente).
- Quart ou gamelle compatible avec la gourde pour la cuisson.
À compléter avec un moyen de filtration (paille filtrante, filtre portable) et des pastilles de purification. Mais sans contenant solide, difficile d’assurer une eau potable sur la durée.
🔪 3. Coupant – l’outil indispensable
Un bon outil coupant est probablement l’élément le plus polyvalent du kit de survie. Couteau fixe robuste, lame pliante fiable, voire scie pliante légère : il permet de tailler, préparer du bois, bricoler, cuisiner, se défendre.
Caractéristiques importantes :
- Une lame fixe full tang (soie traversante) pour la robustesse.
- Un acier qui garde bien son tranchant et facile à affûter sur le terrain.
- Taille intermédiaire : ni trop lourde ni trop fine.
Le couteau reste l’extension de la main en situation de survie.
🔗 4. Cordage – l’art des liens et la polyvalence en question
Le cordage est l’un de ces éléments discrets mais essentiels : sans lui, difficile de monter un abri, de suspendre du matériel, de sécuriser une charge ou d’improviser une réparation.
La paracord 550, la star contestée 👎
Parmi les solutions, la paracord 550 (type III) est sans doute la plus connue. Elle doit son nom à sa résistance annoncée de 550 livres (≈ 250 kg). Sa conception en gaine tressée avec 7 brins intérieurs permet de séparer ces derniers pour des usages variés (couture, pêche, ficelle fine). Elle est souple, résistante à l’humidité, et se prête bien à la réalisation de nœuds.
Je partage une position plus nuancée, développée dans mon article : La paracord 550, est-ce un mythe ? :
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- Elle se vrille et se bloque facilement quand on la range en longueurs importantes.
- La coupe d’arrêt (empêcher l’effilochage) est délicate à réaliser correctement.
- Sa réputation de « corde universelle » est surévaluée.
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Diversifier ses cordages
En pratique, il vaut mieux la compléter par d’autres solutions :
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- cordelette fine type escalade ou marine (résistante à l’abrasion),
- Dyneema ou Spectra (ultra-résistants pour les usages critiques),
- ficelle naturelle (chanvre, sisal) pratique pour les feux ou bricolages rapides.
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Le bon sens est de ne pas tout miser sur une seule option.
🔥 5. Combustion – l’art du feu
Le feu, c’est la chaleur, la cuisson, la purification de l’eau, la lumière et même le signalement. Avoir de quoi démarrer un feu rapidement et de manière fiable est vital.
Idéalement, emporter plusieurs solutions redondantes :
- Briquet Bic (léger, fiable, simple).
- Pierre à feu (ferrocérium) : fonctionne même mouillée, durée de vie énorme.
- Allumettes étanches.
- Allume-feu préparés (coton vaseliné, amadou, bois gras, etc.).
Le vrai secret : s’entraîner à l’avance. Le matériel ne suffit pas si on n’a jamais essayé sous la pluie ou avec les mains froides.
📡 6. Communication – ne pas rester isolé
Ajout plus moderne aux 5C, la communication peut faire la différence entre survie et isolement. Même l’équipement le plus basique doit inclure de quoi signaler sa présence :
- Sifflet (léger, fonctionne sans énergie).
- Miroir de signalisation.
- Téléphone portable ou balise GPS de détresse (PLB, InReach, etc.).
- Lampes avec mode SOS.
Dans certaines situations, la meilleure compétence n’est pas d’attendre des jours en autonomie, mais de savoir se faire retrouver rapidement.
Et le fameux 7ᵉ C ?
Certains parlent d’un 7ᵉ C, mais il n’existe pas de consensus clair. Selon les sources, on retrouve par exemple :
- Cotton, compresse, utilisable comme allume-feux.
- Compas pour l’orientation.
- Calories pour l’alimentation.
Ces variantes dépendent surtout de la pédagogie de certains formateurs. L’essentiel reste de maîtriser les 6C, considérés comme le socle universel.
Conclusion
La règle des 6C n’est pas une liste de gadgets, mais une grille de lecture : chaque élément couvre un besoin vital (se protéger, boire, bricoler, lier, chauffer, communiquer).
Le message clé :
- Ne pas se contenter d’acheter du matériel « à la mode ».
- Tester chaque C en conditions réelles.
- Adapter son kit en fonction du terrain et de ses compétences.
En survie, la vraie sécurité ne vient pas de l’équipement, mais de l’équilibre entre matériel, savoir-faire et préparation mentale.

Je m’appelle Sébastien. Sans jugement ou catégorisation, je ne m’identifie pas plus particulièrement aux « Survivalistes », « Preppers », « Décroissant », (…) qui ont cependant le mérite de mettre en lumière des sujets et connaissances malgré tout. Je me reconnais plutôt comme un « Résilient ». En tant que père de famille, je développe une approche modéré, structurée et éducative avec une forte envie d’apprendre et transmettre. En savoir plus.