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La couture c’est désuet ?

La couture, c’est désuet ? Il me semble l’avoir déjà mentionné à plusieurs reprises dans divers articles : je suis d’origine rurale ou disons campagnarde. Depuis mon enfance, j’ai grandi assez loin de certaines facilités urbaines. Le plus gros village était à plus de dix kilomètres, et les commodités de la ville restaient, disons, limitées pour à peine trois mille habitants. Dans ce cadre qu’on apprend à se débrouiller, à réparer, à bricoler, à faire avec ce qu’on a sous la main. On découvre très tôt qu’il vaut mieux savoir faire soi-même plutôt que dépendre d’un service ou d’un magasin. C’est dans ce contexte que j’ai appris à coudre.

Pour ma part, la couture n’est pas une compétence désuète. Cela fera rire certains, mais moi je trouve cela utile. Que cela soit en mode maroquinerie pour réparer une sacoche en cuir, pour me faire un étui de couteau, ou encore réparer une voile ou un jean, faire des ourlets de pantalon, de rideaux ou confectionner des coussins, je crois que j’ai développé quelques compétences manuelles et à la machine.

C’est une habitude que j’ai gardée depuis l’enfance : observer, comprendre comment les choses sont faites, et chercher à les réparer plutôt qu’à les remplacer. Apprendre à coudre à dix ans, c’est entrer tôt dans cette logique du « faire par soi-même ». Et avec le temps, j’ai compris que ce n’était pas seulement une question d’économie ou de débrouillardise, mais une véritable compétence d’autonomie.

La couture est devenu un savoir-faire rare, réservé aux passionnés d’artisanat ou aux nostalgiques d’un autre temps. Pourtant, elle est l’une des compétences des plus utiles à posséder. Dans un monde où tout s’achète, se jette et se remplace, savoir coudre, c’est savoir prolonger la vie des objets, des vêtements, et du matériel. C’est aussi pouvoir adapter un équipement à ses besoins spécifiques : renforcer une couture, ajuster une sangle, modifier un étui.

La couture est à la fois technique et symbolique. Technique, parce qu’elle demande précision, rigueur et compréhension des matériaux. Symbolique, parce qu’elle relie les mains à la matière, le geste au résultat, et redonne à l’objet sa valeur initiale. Chaque point cousu, chaque réparation réussie, c’est un petit acte d’indépendance face à la logique du tout-jetable.

Et puis il y a le plaisir du geste : sentir que l’on peut réparer un sac, ajuster un vêtement ou concevoir quelque chose d’utile de ses propres mains. Ce plaisir simple, presque ancestral, forge une forme de sérénité. Dans le cadre d’une démarche de résilience, cette compétence devient précieuse. En situation de terrain, pouvoir réparer une voile, un harnais, un sac ou une tente peut faire la différence entre l’improvisation et l’efficacité.

Vous allez rire encore une fois, mais ce n’est ni les grands-mères ni la mère de mes filles qui leur ont transmis ce savoir, c’est bien leur papa. Réparer est dans leur ADN. Alors certes, il a fallu plusieurs séances pour qu’elles soient vraiment autonomes avec la machine à coudre, mais elles le sont aujourd’hui. Et ça, c’est une petite victoire. Voir ses enfants manier le fil et l’aiguille avec confiance, comprendre qu’on peut créer, réparer, transformer, c’est déjà une forme d’éducation à l’autonomie. C’est leur transmettre un réflexe de bon sens : avant d’acheter, on regarde si on peut réparer. Avant de jeter, on se demande si on peut réutiliser.

Ce savoir-faire transmis n’a rien d’anecdotique : il forme un socle. Dans un monde où les compétences manuelles se perdent, apprendre à coudre, c’est aussi apprendre à se débrouiller, à être patient, à observer. C’est une manière d’ancrer la résilience dans le quotidien, de faire en sorte que chaque génération garde un lien concret avec la matière et la réparation.

Non, la couture n’est pas désuète. Elle est intemporelle. Elle appartient à cette catégorie de savoir-faire essentiels qui traversent les générations et reviennent toujours quand l’époque en a de nouveau besoin.

Mais au-delà de la symbolique et de la transmission, la couture a aussi une dimension hautement pratique. Quand on parle de résilience, on pense souvent à l’eau, à l’énergie, à la nourriture… rarement au textile. Et pourtant, sur le terrain comme à la maison, savoir manier une aiguille peut résoudre bien des situations.

Les usages concrets

Voici quelques usages concrets où la couture devient une compétence précieuse :

🔧 Réparation et prolongation du matériel

      • Réparer un sac à dos déchiré (coutures de charge, sangles, fermetures).
      • Renforcer une couture de tente ou d’abri, pour éviter les infiltrations d’eau.
      • Reprendre une voile ou un tarp abîmé après un accroc ou un coup de vent.
      • Recoudre un vêtement technique (anorak, pantalon, doudoune) après un accrochage.
      • Raccommoder un gant, une ceinture ou un baudrier (en vérifiant la solidité des points).
      • Réparer ou ajuster une trousse médicale ou un sac de secours.

🧵 Adaptation et fabrication sur mesure

      • Confectionner des housses, poches ou sangles adaptées à ton équipement (radio, couteau, gourde, trousse à outils…).
      • Créer un étui de couteau, d’outil ou de lampe solide et ajusté.
      • Modifier des vêtements pour les adapter au climat ou à l’activité (raccourcir, élargir, ajouter des renforts).
      • Fabriquer des éléments textiles utiles : rideaux thermiques, coussins isolants, sacs de rangement.
      • Adapter du matériel récupéré (ex. : transformer une vieille bâche en sac étanche ou en protection solaire).

⚙️ Autonomie et survie pratique

      • Réparer sur le terrain : couture d’urgence avec fil, aiguille et briquet (ou fil de pêche en dépannage).
      • Créer des fermetures de fortune (boutons, passants, attaches) pour maintenir un vêtement ou un abri fonctionnel.
      • Improviser des pansements textiles ou des bandages d’immobilisation avec tissu cousu ou renforcé.
      • Réaliser un patch thermique en cousant plusieurs couches de tissus isolants.
      • Refaire une sangle ou un harnais de portage à partir de matériaux récupérés.

🪡 Résilience domestique et long terme

      • Entretenir le linge du foyer sans dépendre d’un service extérieur.
      • Recycler des textiles usés en chiffons, sacs, doublures ou protections diverses.
      • Rallonger la durée de vie des vêtements (ourlets, reprises, ajustements saisonniers).
      • Personnaliser et réparer la literie (taies, oreillers, sacs de couchage).
      • Préparer des réserves textiles réutilisables (essuie-tout, serviettes, bandages).

🌿 Résilience communautaire et transmission

      • Partager le savoir-faire dans un groupe ou une communauté locale.
      • Fabriquer des vêtements ou accessoires utiles pour d’autres (enfants, voisins, proches).
      • Échanger ses compétences contre d’autres services ou ressources.
      • Former à la réparation et à la réutilisation, piliers de l’autonomie collective.

Conclusion

La couture n’est pas un simple loisir, ni un art désuet. C’est une compétence concrète, utile et portable dans toutes les situations de la vie, du quotidien à la survie pratique. Savoir coudre, c’est pouvoir réparer, adapter, créer et prolonger la vie des objets autour de soi.

Je vous encourage vivement à vous y mettre, même si vous partez de zéro. Commencez petit : reprenez un ourlet, renforcez une sangle, fabriquez un étui simple. Chaque point cousu est un pas vers plus d’autonomie, plus de débrouillardise et plus de confiance en vos capacités.

Plus qu’un savoir-faire, la couture est une philosophie du « faire par soi-même ». Elle vous apprend la patience, la précision, et surtout que l’on peut toujours trouver une solution avant de jeter ou de remplacer. Développer cette compétence, c’est investir dans votre autonomie et transmettre un réflexe précieux aux générations futures. Alors, prenez l’aiguille et le fil : vous ne le regretterez pas.

La couture c'est désuet

Au-delà de la réparation et de la création, la couture est aussi une véritable pratique de pleine conscience. Chaque geste (passer le fil dans l’aiguille, ajuster un point, suivre une couture avec attention) demande de se concentrer pleinement sur l’instant présent. Il n’y a ni précipitation, ni distraction : seule compte l’action en cours, le mouvement de la main, le contact du tissu.

Coudre devient alors un moment de pause et de recentrage. C’est une manière simple mais efficace de se reconnecter à soi-même, de calmer le mental et de cultiver la patience. En cela, la couture rejoint parfaitement les principes que j’explique dans mon article sur la pleine conscience (La pleine conscience ou mindfulness).

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